TEXTE DU 29 mars 2020

Le Chasseur Providentiel

Francisco Candido Xavier « Contes Spirituels« 

Par l’Esprit Frère X

Chapitre 9

Alors que nous parlions de la souffrance, l’orienteur hindou qui nous accompagnait nous raconta une histoire infantile :

– Quand l’ange de la libération descendit du paradis pour venir en ce monde, il se posa sur une colline verdoyante à une courte distance de la mer.

Un merle s’en approcha, puis un vautour, une tortue et un papillon.

Il se dit que ce devait être l’assemblée dont il pouvait disposer pour la révélation qu’il avait à transmettre. Le pèlerin illuminé se mit donc à louer les vertus du Ciel en les invitant à la vie supérieure.

Ce fut avec des phrases convaincantes pour les hisser au comble de la lumière qu’il expliqua au merle qu’il se transformerait en pigeon blanc, que le vautour serait métamorphosé en oiseau céleste, que la tortue recevrait une nouvelle forme, douce et légère, qui lui permettrait de glisser dans l’immensité bleue et que le papillon deviendrait une étoile luminescente…

Les auditeurs entendirent ces promesses avec émotion, mais dès que le silence régna à nouveau, le merle fit l’allégation suivante :

– Bon ange, excuse-moi, mais un nid m’attend dans les bois… Mes petits ne comprendraient pas mon absence…

Et il s’éloigna empressé.

Le vautour lui confessa sur un ton énigmatique :

– Votre description du plan divin est émouvante, mais mes intérêts m’attendent. Je dois m’envoler…

Et il s’éloigna en battant des ailes pour chasser sa prochaine proie.

Lentement, la tortue s’avança et lui fit :

– Je voudrais bien vous suivre et abandonner la prison sous laquelle je me traîne, mais je dois m’occuper de mes œufs sur la plage…

Et elle retourna paisiblement à son habitat. À son tour, le papillon s’approcha du prêcheur de bonne volonté et lui fit délicatement :

– Je suis désolé, je ne peux partir avec vous. J’habite dans un tronc fleuri et mes parents ne s’expliqueraient pas ma fuite.

Et il s’en retourna dans les bois.

L’ange qui ne pouvait les forcer reprit sa route tout seul…

Mais dès qu’il eut fait quelques mètres pour rentrer chez lui, le papillon se trouva face à un habile chasseur qui voulut immédiatement l’attraper pour la beauté de ses ailes lumineuses.

Après avoir longuement résisté, il s’efforça d’atteindre l’arbre où il résidait. Mais dans sa course, il vit mourir quelques-uns de ses proches qui se reposaient. En larmes, il chercha à se réfugier dans une vieille caverne où il fut facilement délogé par son implacable persécuteur. Ensuite, il essaya vainement de se cacher entre de vieux bateaux échoués sur le sable… Rien à faire, l’homme tenace était astucieux et savait contourner tous ses efforts pour se défendre en lui tendant des pièges de plus en plus dangereux.

A l’instant où il se sentit faiblir, le papillon se souvint de l’ange de la libération et s’élança aussitôt à sa rencontre.

Tout content, le messager divin l’accueillit, il lui offrit ses bras protecteurs pour garantir son salut.

Le narrateur fit une courte pause et déclara :

– Dans nos expériences quotidiennes, la souffrance est comme un chasseur providentiel. Sans elle, l’humanité ne ferait pas l’effort de la rénovation et du progrès. Celui qui s’accommode des plans inférieurs arrive difficilement à découvrir la vie supérieure sans le concours de la douleur. Sachons donc tolérer l’affliction et profiter d’elle. Quand la créature est angoissée et perd l’équilibre, comme le papillon, elle doit apprendre à recevoir sur la terre le secours qui lui vient du ciel.

Le sage mentor se tut, et aucun de nous n’eut de commentaire à faire sur ce bel apologue qui nous laissait tous pensifs.

Tiré de « Contes Spirituels »

Francisco Candido Xavier

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