TEXTE DU 14 Mai 2020

L’Assassinat de M. Poinsot

REVUE SPIRITE, MARS 1860

 

 

Le mystère qui environne encore ce déplorable événement a fait naître chez beaucoup de personnes la pensée qu’en évoquant l’Esprit de la victime on pourrait arriver à connaître la vérité. De nombreuses lettres nous ont été écrites à ce sujet, et comme la question repose sur un principe d’une certaine gravité, nous croyons utile de faire connaître la réponse à tous nos lecteurs.

Ne faisant jamais du Spiritisme un objet de curiosité, nous n’avions point songé à évoquer M. Poinsot ; néanmoins, à la prière instante d’un de nos correspondants qui avait eu une communication de lui, soi-disant, et désirait savoir par nous si elle était authentique, nous essayâmes de le faire il y a quelques jours. Selon notre habitude, nous demandâmes à notre guide spirituel si cette évocation était possible et si c’était bien lui qui s’était manifesté à notre correspondant. Voici les réponses que nous avons obtenues :

« M. Poinsot ne peut répondre à votre appel ; il ne s’est encore communiqué à personne : Dieu le lui défend pour le moment. »

  1. Peut-on en savoir le motif ? – R. Oui : parce que des révélations de ce genre influenceraient la conscience des juges qui doivent agir en toute liberté.
  2. Cependant ces révélations, en éclairant les juges, pourraient quelquefois leur épargner des erreurs regrettables, et même irréparables. – R. Ce n’est pas par ce moyen qu’ils doivent être éclairés ; Dieu veut leur laisser l’entière responsabilité de leurs jugements, comme il laisse à chaque homme la responsabilité de ses actes ; il ne veut pas plus leur épargner la peine des recherches qu’il ne veut leur ôter le mérite de les avoir faites.
  3. Mais, faute de renseignements suffisants, un coupable peut échapper à la justice ? – R. Croyez-vous qu’il échappe à la justice de Dieu ? S’il doit être frappé par la justice des hommes, Dieu saura bien le faire tomber sous leurs mains.
  4. Soit, pour le coupable ; mais si un innocent était condamné, ne serait-ce pas un grand mal ? – R. « Dieu juge en dernier ressort, et l’innocent condamné injustement par les hommes aura sa réhabilitation. Cette condamnation, d’ailleurs, peut être pour lui une épreuve utile à son avancement ; mais quelquefois aussi elle peut être la juste punition d’un crime auquel il aura échappé dans une autre existence.

« Rappelez-vous que les Esprits ont pour mission de vous instruire dans la voie du bien, et non de vous aplanir la voie terrestre laissée à l’activité de votre intelligence ; c’est en vous écartant du but providentiel du Spiritisme que vous vous exposez à être trompés par la tourbe des Esprits menteurs qui s’agitent sans cesse autour de vous. »

Après la première réponse, les assistants discutaient sur les motifs de cette interdiction, et, comme pour justifier le principe, un Esprit fait écrire au Médium : Je vais l’amener… le voici ; puis un peu après : « Que vous êtes aimables de vouloir bien causer avec moi ; cela m’est d’autant plus agréable que j’ai beaucoup de choses à vous dire. » Ce langage parut suspect de la part d’un homme tel que M. Poinsot, et en raison surtout de la réponse qui venait d’être faite ; c’est pourquoi on le pria de vouloir bien affirmer son identité au nom de Dieu. Alors l’Esprit écrit : « Mon Dieu, je ne peux pas mentir ; j’aurais cependant bien désiré causer dans une aussi aimable société, mais vous ne voulez pas de moi : adieu. » C’est alors que notre guide spirituel ajouta : « Je vous ai dit que cet Esprit ne peut répondre ce soir ; Dieu lui défend de se manifester ; si vous insistez vous serez trompés. »

Remarque. Il est évident que si les Esprits pouvaient épargner des recherches aux hommes, ceux-ci se donneraient moins de peine pour découvrir la vérité, puisqu’elle leur arriverait toute seule. A ce titre, le plus paresseux pourrait en savoir autant que le plus laborieux, ce qui ne serait pas juste. Ceci est un principe général. Appliqué à l’affaire de M. Poinsot, il n’est pas moins évident que si l’Esprit déclarait un individu innocent ou coupable, et que les juges ne trouvassent pas de preuves suffisantes de l’une ou l’autre affirmation, leur conscience en serait troublée ; que l’opinion publique pourrait s’égarer par d’injustes préventions. L’homme n’étant pas parfait, nous devons en conclure que Dieu sait mieux que lui ce qui doit lui être révélé ou caché.

Enregistrement de la réunion du 14/05/2020

Vous pouvez visionner la totalité de la réunion virtuelle avec la video ci-dessous.

 

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