TEXTE DU 24 mars 2020

L’Amour

Leon DENIS « Après la Mort« , 5ème partie, Chapitre 49

 

L’amour, c’est la céleste attraction des âmes et des mondes, la puissance divine qui relie les univers, les gouverne et les féconde ; l’amour, c’est le regard de Dieu !

Ne décorez pas d’un tel nom l’ardente passion qu’attisent des désirs charnels. Ce n’est là qu’une ombre, un grossier pastiche de l’amour. Non, l’amour est le sentiment supérieur en qui se fondent et s’harmonisent toutes les qualités du cœur ; c’est le couronnement des vertus humaines, de la douceur, de la charité, de la bonté ; c’est l’éclosion dans l’âme d’une force qui nous entraîne au-dessus de la matière, vers des hauteurs divines, nous unit à tous les êtres et éveille en nous des félicités intimes, qui laissent bien loin toutes les voluptés terrestres.

Aimer, c’est se sentir vivre en tous et pour tous, c’est se consacrer jusqu’au sacrifice, jusqu’à la mort, à une cause ou à un être. Si vous voulez savoir ce qu’est aimer, considérez les grandes figures de l’humanité et, au-dessus de toutes, le Christ, pour qui l’amour était toute la morale et toute la religion. N’a-t-il pas dit : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous persécutent (1)… » ?

En nous tenant ce langage, le Christ n’exige pas de notre part une affection qui ne peut être dans notre cœur, mais bien l’absence de toute haine, de tout esprit de vengeance, une disposition sincère à aider, dans l’occasion, ceux qui nous affligent.

Une sorte de misanthropie, de lassitude morale éloigne parfois de bons esprits du reste de l’humanité. Il faut réagir contre cette tendance à l’isolement, en considérant tout ce qu’il y a de grand et de beau dans l’être humain, en se rappelant toutes les marques d’affection, tous les actes bienveillants, dont on a été l’objet. Que devient l’homme séparé de ses semblables, privé de la famille et de la patrie ? Un être inutile et malheureux. Ses facultés s’étiolent, ses forces s’amoindrissent, la tristesse l’envahit. On ne progresse pas seul. Aussi faut-il vivre avec les hommes, voir en eux des compagnons nécessaires. La bonne humeur est la santé de l’âme. Laissons notre cœur s’ouvrir aux impressions saines et fortes. Aimons pour être aimés !

Si notre sympathie doit s’étendre à tout ce qui nous entoure, êtres et choses, à tout ce qui nous aide à vivre, et même aux membres inconnus de la grande famille humaine, quel amour profond, inaltérable, ne devons-nous pas à nos parents : au père dont la sollicitude soutint notre enfance, qui longtemps peina pour aplanir devant nous le rude sentier de la vie ; à la mère qui nous a portés et nourris, qui a veillé avec angoisse sur nos premiers pas et nos premières douleurs ! De quel tendre dévouement ne devons-nous pas entourer leur vieillesse, reconnaître leur affection, leurs soins assidus ! (…)

L’amour, profond comme la mer, infini comme le ciel, embrase tous les êtres. Dieu en est le foyer. Comme le soleil se lève indifféremment sur toutes choses et réchauffe la nature entière, l’amour divin vivifie toutes les âmes ; ses rayons, pénétrant à travers les ténèbres de notre égoïsme, vont allumer des lueurs tremblantes au fond de chaque cœur humain. Tous les êtres sont faits pour aimer. Les parcelles de vie morale, les germes du bien qui reposent en eux, fécondés par le foyer suprême, s’épanouiront un jour, fleuriront jusqu’à ce qu’ils soient réunis dans une même communion d’amour, dans une fraternité universelle.

Qui que vous soyez, vous qui lisez ces pages, sachez que nous nous rencontrerons un jour, soit en ce monde, dans des existences ultérieures, soit sur une sphère plus avancée, ou dans l’immensité des espaces ; que nous sommes destinés à nous influencer dans le sens du bien, à nous aider dans notre ascension commune. Enfants de Dieu, membres de la grande famille des esprits, marqués au front du signe de l’immortalité, nous sommes destinés à nous connaître, à nous unir dans la sainte harmonie des lois et des choses, loin des passions et des grandeurs mensongères de la terre. En attendant ce jour, que ma pensée aille vers toi, ô mon frère ou ma sœur, comme un témoignage de douce sympathie ; qu’elle te soutienne dans tes doutes, qu’elle te console dans tes douleurs, qu’elle te relève dans tes défaillances, qu’elle se joigne à la tienne pour demander à notre père commun de nous aider à conquérir un avenir meilleur.

 

(1) Voir chap. VI, p. 78.

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